volume 1 numéro 2                                                                                                   juin 2005  

 

Douleur et kinésiophobie

Les peurs et craintes reliées à la douleur entraînent souvent un évitement des activités considérées comme pouvant provoquer ou augmenter la douleur, ou pouvant aggraver une lésion. On utilise le terme "kinésiophobie" pour définir cette peur ou appréhension du mouvement.

La kinésiophobie est un concept tout à fait intéressant du point de vue de la kinésiologie (Vlaeyen, 1995). La façon dont une personne interprète ou se représente sa maladie et sa douleur joue un rôle important sur la genèse du phénomème de la kinésiophobie.

Plusieurs composantes (physiologiques, sociales et psychologiques ) favorisent la transformation d’une douleur aiguë en une souffrance chronique (processus de centralisation de la douleur). Au niveau psychologique, les croyances, les perceptions, certaines caractéristiques de la personnalité (la tendance au catastrophisme par exemple) et les facteurs émotifs sont associés au processus de la chronicisation de la douleur. La kinésiophobie désigne le processus par lequel tous ces facteurs interagissent les uns sur les autres et engage l’individu dans un "comportement d’évitement ". En effet, certaines personnes après s’être blessées et avoir souffert, en arrivent à craindre le pire. La peur d’aggraver la blessure et/ou la peur de recréer ou d’augmenter une douleur déjà présente, les pousse à éviter certains mouvements, ce qui, avec le temps , accroît leur incapacité. Payne (2000) a justement démontré que le degré de participation à des activités de nature physique était inférieur chez les lombalgiques chroniques et les lombalgiques récurrents.

La baisse de leur niveau d’activité conséquente à ces craintes combinée à celle conséquente à la convalescence et à l’arrêt du travail engendre le fameux syndrome de déconditionnent physique et le syndrome dépressif, ce qui accroît l’incapacité.

 

L’Échelle Tampa (Tampa Scale of Kinesiophobia ou TSK) (Kori & Miller, 1990) pour l’évaluation de l’indice de kinésiophobie a été conçu et validé pour estimer le niveau de kinésiophobie présent chez un individu au moment de l’évaluation, et ce, dans le but d’ajuster l’intervention en conséquence, et ultérieurement, d’évaluer si la dite intervention aura eu un effet sur ce problème commun chez les gens souffrant de douleurs persistantes.

Plus le score est élevé, plus le niveau de kinésiophobie est important. 40 / 68 est considéré comme une kinésiophobie significative (Vlaeyen). Environ 75 % des personnes souffrant de troubles musculosquelettiques sont kinésiophobes (voir données statistiques).

Une désensibilisation systématique à l’aide d’un programme de ré-activation physique progressif et gradué, dans le cadre dune approche cognitivo-béhaviorale, est le traitement indiqué pour la kinésiophobie.

téléchargez le questionnaire Tampa pour l'évaluation de la kinésiophobie cliquez ici

mise à jour des normes pour le questionnaire Tampa cliquez ici


 

Payne, N., Gledhill, N., Katzmarzyk. P.T., Jamnik, V. (2000). Health-related fitness, physical activity, and history of back pain. Can.J.Appl.Physiology. 25(4) : 236-249.

Vlaeyen, J.W.S., Kole-Snijders, A.M.J., Rotteveel, A.M., Ruesink, R., Heuts, P.H.T.G. (1995a). The role of fear of mouvement / (re)injury in pain disability. Journal of Occupational Rehabilitation. 5(4), 235-252.

Vlaeyen, J.W.S., Kole-Snijders, A.M.J., Boeren, R.G.B., Ruesink, R., Van Eek, H. (1995b). Fear of mouvement / (re)injury in chronic low back problem and its relation to behavioural performance. Pain. 62, 363-372.


 

les gens en forme s'absentent moins souvent du travail

L’absentéisme au travail a augmenté de 30 % au cours des 30 dernières années et celui-ci est fortement relié aux facteurs relatifs à la santé des employés (les maladies physiques comptant pour 33 % des absences et le stress pour un autre 12 %).

Depuis déjà plusieurs années on étudie le lien possible entre la condition physique des travailleurs et le taux d’absentéisme. Beaucoup d’études ont fait un lien positif mais jusqu’à maintenant aucune n’avait déterminé le "dosage" nécessaire pour produire un effet.

En décembre 2001, une étude publiée par Jacobson et Aldana dans le "Journal of Environmental Medicine" arrivait à la conclusion que les travailleurs qui faisaient de l’exercice aérobique (minimum de 20 minutes par session) une journée par semaine avaient un taux d’absentéisme inférieur à celui des travailleurs qui ne pratiquaient aucune forme d’exercice.

De plus, ceux qui en faisaient deux fois par semaine s’absentaient encore moins que ceux qui étaient actifs seulement une fois par semaine.

Finalement, les auteurs ont démontré que plus de deux jours d’activité physique par semaine ne produisait pas d’effet supplémentaire sur le taux d’absentéisme.

Il appert donc que la fréquence optimale pour produire un impact sur la santé des travailleurs et ainsi réduire le taux d’absentéisme au travail est de deux jours par semaine. Ce qui fait la force de cette étude est son nombre de participants : 79 000 travailleurs répartis dans 250 milieux de travail différents !


 

 

 

 

 

 


 

Quiz santé

vrai ou faux ?

1) La musculation est un excellent moyen de diminuer un surplus de graisse.

2) Jogger 1 Km brûle plus de calories que marcher 1 Km.

3) Les redressements assis peuvent faire réduire la graisse autour de la taille.

4) Les gens qui font de l’hypertension artérielle peuvent réduire leur tension artérielle en pratiquant une activité aérobique sur une base régulière.

5) La margarine contient moins de calories que le beurre.

6) C’est le cholestérol que l’on mange qui est le facteur numéro 1 de l’augmentation du cholestérol sanguin.

7) L’exercice physique réduit la tension nerveuse et contribue ainsi à réduire le stress.

8) Le taux de décès prématurés chez les fumeurs est de 70 % plus élevé que chez les non-fumeurs.

9) La principale cause de la réduction de la flexibilité ou de la souplesse chez les gens de plus de 65 ans est la vieillesse.

 

réponses :

1) faux. Les exercices de musculation sont très peu efficaces pour la perte de poids. Les exercices de nature aérobique (jogging, marche, vélo) sont des moyens privilégiés pour perdre un surplus de graisse.

2) faux. C’est la distance qui compte. Jogger 1 Km exige le même travail que marcher la même distance. La seule différence est que le même travail est accompli plus rapidement lorsqu’on jog !

3) faux. La perte de graisse localisée est un mythe ! Ce n’est pas parce qu’on exécute un exercice au niveau abdominal que le corps ira puiser dans ses réserves de graisses abdominales. Les exercices de renforcement sont de piètres consommateurs de graisses (voir question 1).

4) vrai. Note: Si vous faites de l’hypertension et que vous voulez entreprendre un programme d’exercice, consultez d’abord votre médecin et ensuite un kinésiologue. Ces personnes-ressources pourront vous guider et vous conseiller dans votre démarche.

5) faux. Les beurre et la margarine contiennent à peu près le même nombre de calories.

6) faux. Le foie fabrique 80 % du cholestérol dont l’organisme a besoin. L’autre 20 % est dérivé de l’alimentation. La diminution de la quantité de matières grasses (en particulier les gras saturés) et non du cholestérol que l’on mange, joue un rôle important dans le contrôle du cholestérol sanguin.

7) vrai.

8) vrai. Par contre, les risques décroissent dès que l’on arrête de fumer. Dix ans après s’être arrêtés de fumer, les anciens fumeurs ont à peu près le même taux de facteurs de risque que les non-fumeurs.

9) faux. La principale cause de la réduction de la souplesse est l’inactivité.

 

table des matières

 

kinésiologue ?

Le kinésiologue est avant tout un spécialiste de l’exercice, détenant au minimum une formation universitaire de 1e cycle. Les interventions des kinésiologues contribuent au maintien et/ou à l’amélioration de la santé des individus.

La profession est encadrée par la Fédération des Kinésiologues du Québec (FKQ, www.kinesiologue.com).

Au Québec, l’Université de Montréal, l’UQAM, l’UQAT, l’Université Laval, l’Université McGill et l’Université Concordia délivrent des diplômes en kinésiologie.


quoi dire aux lombalgiques en phase aiguë / sub-aiguë ?

Dans une des plus importantes études sur les interventions efficaces auprès de personnes souffrant de maux de dos en phase aiguë et sub-aiguë (douleurs depuis moins de trois mois), Kim Burton (1999) a scientifiquement démontré que l’on pouvait modifier leurs perceptions et ainsi pouvoir réduire les chances de chronicisation de la douleur. Burton utilise un livret («The back Book») pour intervenir auprès de cette clientèle. Voici les 6 postulats du «Back Book» :

Messages à donner aux lombalgiques en phase aiguë et sub-aiguë:

1) Vous n ’avez pas de maladie grave.

2) La colonne est solide, la douleur ou l ’augmentation de la douleur ne signifie pas une aggravation de votre condition.

3) Le mal de dos est un symptôme qui nous dit que la colonne ne bouge pas bien, qu’elle n’est pas en forme (unfit).

4) Il existe beaucoup de traitement qui peuvent aider à diminuer la douleur, mais le soulagement à long terme dépend de vos efforts.

5) Plus vite vous devenez actif, plus vite votre dos ira mieux.

6) Une attitude positive est importante. Ne laisser pas la douleur contrôler votre vie. Prenez les devants et soyez « agressif » !

Burton, K., Waddell, G., Tillotson, M., Summerton, N. (1999), Information and advice to patients with back pain can have a positive effect. Spine. Vol 24, # 23, pp 2484-2491


sports et mal de dos

On entend souvent dire que certains sports, ou même le sport en général, favorisent le mal de dos. S’agit-il de légendes urbaines ou d’une réalité ?

 

Ils semblerait que cette pensée soit mythique car selon trois études, l’activité physique de loisir et le sport n’augmentent pas le risque de souffrir du mal de dos.

Dans une étude publiée dans " Spine " en 1999, le Dr Peter Croft a démontré, en étudiant un groupe de 2 175 hommes et femmes sur une période d’un an, que le niveau d’activité physique de loisir n’était pas relié à un plus haut taux de douleurs au dos. Le professeur Croft a découvert qu’une mauvaise santé en général et qu’un surplus de poids (seulement chez les femmes) étaient associés à l’apparition d’un épisode de mal de dos pour les participants à l’étude, et ce, pendant l’année qu’a duré la recherche.

Dans une autre étude présentée au congrès annuel de l’American College of Sports Medicine de 1999, le Dr Ehrmann-Feldman démontrait que le sport pratiqué par les adolescents n’avait aucun effet négatif sur l’incidence des maux de dos. Ce chercheur avait entrepris l’étude parce qu’aux États-Unis (de même qu’au Canada) certains parents craignaient l’effet potentiel que la pratique de sports pourrait avoir sur l’appareil locomoteur de leurs enfants et, en particulier, sur le dos. D’après les travaux de Ehrmann-Feldman ces craintes sont non fondées.

Croft, P. (1999). Short-term physical risk factors for new episodes of low back pain. Spine, 24(15): 1556-61

Ehrmann-Feldman, D. and al (1999). Is physical activity a risk factors for the development of low pain in adolexcents ? American College of Sports Medicine, Seattle, as yet unpublished (juin 2000).


autres textes


 

kinésiolgie clinique

Un tour de taille supérieur à 102 cm chez les hommes et à 88 cm chez les femmes a été associé à une augmentation significative de la prévalence de diabète, d'hypertension et de dyslipidémie, idépendament de l'Indice de Masse Corporel

 


entraînement des muscles abdominaux:  la bonne technique !

Phase 1 : coller le bas du dos au sol avec une bascule du bassin.

Phase 2 : fixer un point au plafond (le faire tout le long du mouvement) et fléchir le tronc suffisament pour élever les omoplates du sol (expirez).

Phase 3: redescendre (inspirez)

Phase 4: relaxer les muscles (décoller bas du dos du sol).